MARCEL TRILLAT, ADIEU. A L’AMI, AU FRERE, AU CAMARADE

Depuis vendredi soir, la stupéfaction ne passe pas, la douleur non plus. Nous avons donc appris la mort de Marcel Trillat, la voix et l’âme de la lutte des classes à la télévision. L’immense réalisateur, journaliste et auteur s’est éteint à l’âge de 80 ans. Oeil vif et respectueux des hommes, Marcel Trillat, coeur ancré à gauche, plusieurs fois placardisé sur le service public, laisse une oeuvre documentaire conséquente, lui qui fit ses premières armes dans Cinq colonnes à la une.

Vous le savez, Marcel Trillat était un Ami de l’Humanité fidèle, attentif, vigilant, et depuis longtemps membre du Conseil d’administration de l’association. Son apport et sa bienveillance furent essentiels.

Journaliste de convictions, Marcel Trillat commença comme journaliste pour la plus fameuse émission de reportage d’alors, Cinq colonnes à la une, qu’il conjugue, déjà, avec des engagements militants. En 1976, il inaugure avec son compère Marcel Bluwal, une rubrique de reportages «Une vie » dans le cadre d’une nouvelle formule de L’Humanité Dimanche. Il participe également à l’essor de la radio libre mythique «Lorraine cœur d’acier» à la fin des années soixante-dix. Il entre dans le service public de la télévision en 1981, et y gravit les échelons de la rédaction pour devenir directeur adjoint de l’information en 1989. Compagnon de route de longue date du PCF, il appela à voter Front de gauche aux européennes de 2009, et réitéra son soutien à Ian Brossat en 2019 pour ces mêmes élections. Marcel disait: «Préserver les artistes de la roulette russe du marché, mais aussi garantir comme la prunelle de nos yeux leur liberté de création est un devoir pour nous.»

Personne n’oubliera ses prestations au stand des Amis, à la Fête de l’Humanité, en particulier ses duos avec l’astrophysicien Jean-Pierre Bibring. Marcel, qui fut l’honneur de la télévision publique, va nous manquer. C’est peu dire. Il était la lutte des classes incarnée. Nos cœurs saignent. Ne plus te voir, mon Ami, mon Frère, mon Camarade, ne plus te parler au téléphone, ne plus lire tes messages, est au-delà de l’inimaginable. L’Humanité est en deuil…

Jean-Emmanuel Ducoin